L’année 2014, est sans doute celle où les plages des Caraïbes ont amassé le plus de sargasses. Un phénomène qui ternit la beauté de ces îles et peut à long terme impacter sur la santé des populations. L’envahissement est tel qu’il dépasse l’entendement. Une question se pose aujourd’hui : comment tirer parti de ces tonnes algues qui s’échouent chaque année sur les plages ?
Les sargasses ne sont pas prêtes d’abandonner les plages et continueront de perturber le quotidien des habitants. Selon des scientifiques canadiens qui ont étudié durant plusieurs années le phénomène, il y a de fortes chances que les sargasses se reproduisent en raison de la destruction des écosystèmes qui bloquaient l’accès au nutriment(phosphates et nitrates) qui nourrissent les sargasses et les empêchaient de se développer. Les îles de l’arc antillais, et les côtes mexicaines doivent désormais vivre avec ces algues brunes. Mais en faisant un certain nombre de recherches, j’ai découvert que les sargasses pourraient se transformer en une véritable aubaine.
Pour l’alimentation…
Sur la planète, les algues sont cultivées et exploitées, pourquoi ne pas le faire avec les sargasses ?
Justement, l’algue est un aliment riche en sels minéraux, en vitamines et en protéines. Sachez que nous en mangeons régulièrement par exemple dans nos pâtisseries préférées …
Les médecins ont su trouver un bénéfice naturellement médical
En médecine, des espèces de sargasses sont également cultivées et utilisées en photothérapie. En effet, les médecins chinois ont pris l’habitude de les prescrire en poudre afin de soigner le goitre qui est l’augmentation anormale de la glande thyroïde. Les patients reviennent chaque fois les féliciter pour cette trouvaille.
Et si on transformait les sargasses en plastique ?
Les échouements de sargasses ont permis aux agriculteurs Bio de la Martinique d’utiliser les algues brunes en tant qu’engrais, ou encore en insecticides.
L’entreprise « Algopack » fabrique du plastique à base d’algues. Les ingénieurs bretons ont valorisé les déchets de Sargasse en Biomatériaux. L’idée serait de produire un élément naturel au plastique composé à 100% d’algues et 100% biodégradable. Une vraie bénédiction pour les Caraïbes ! La Guadeloupe durement touchée réfléchit depuis un moment à cette valorisation. Qu’en est-il de son projet ?
Sargasses en Guadeloupe : Valorisation d’une espèce invasive
Le syndicat mixte d’électricité de la Guadeloupe (Sy.MEG) a débuté son projet avec Evergaz (ex-Holding Verte) qui proposera la production de biogaz à partir d’algues sargasses.
En préalable, un cabinet d’étude, Ledjo Energie, a réalisé une étude de faisabilité de ce projet d’utilisation des algues sargasses en vue d’une production d’énergie. Les avantages mis en avant : la valorisation des boues d’épuration et des déchets agricoles et organiques de l’île, la possibilité de produire plus de 6 GWh (unité de mesure de l’énergie) d’électricité verte. Sans compter que l’algue brune est un engrais naturel potentiellement générateur d’emplois. Ce projet est d’abord prévu sur une année, pour tester la méthanisation et vérifier les quantités de sargasses recyclables chaque année. Une initiative qui plaît aux autres îles touchées dont la Martinique.
L’engagement de L’Etat
Dans un communiqué de presse paru le 26 novembre, La ministre des Outre-Mer Georges Pau-Langevin a évoqué les pistes potentielles pour valoriser les algues brunes. Les sargasses pourraient être exploitées dans l’agriculture (compost) ou dans la production d’électricité. Parmi les nombreuses pistes, une est née aux Etats-Unis : il s’agit de mélanger d’algues et de sable pour lutter contre l’érosion des plages. Une excellente idée qu’il faudrait adopter quand on voit la disparition partielle de l’historique plage des Salines en Martinique il y a deux jours. La pertinence de ces idées est étudiée en ce moment par des groupes de travail. Il serait temps de mettre réellement en place ces solutions, car malheureusement. Le temps presse et les sargasses s’installent davantage dans la vie des habitants. Pour le pire pour l’instant, bientôt peut-être pour le meilleur.