À 40 ans, l’artiste guadeloupéen rayonne, porté par ses combats pour les jeunes et la musique.
En pleine rénovation urbaine, le Raizet change jour après jour. Depuis 2014, les travaux sont lancés : Direction le” Nouveau Raizet”. Ce vaste programme de rénovation urbaine aboutira normalement entre 2020 et 2021. Au milieu de ces constructions, une dizaine de personnes attendent leur tour pour passer le permis. Les examens s’enchaînent, déception ou joie dissimulées, ils auront la réponse dans quelques jours.
“Je viens du Raizet. Mwen sé on ti boug isidan”,
Niché entre Pointe-à-Pitre et les Abymes, il y a de la vie dans ce quartier historique de l’archipel. C’est au centre culturel du Raizet que nous avons rencontré Daly. Inratable par son style aussi simple qu’artistique, Daly nous regarde depuis le balcon de son bureau situé à l’étage du centre. À l’intérieur nous y retrouvons Fanny, la directrice de l’association dont il est le président.
Sans perdre une minute, nous nous installons sur la terrasse spacieuse avec sa vue directe sur l’ancienne aérogare du Raizet. “Je viens du Raizet. Mwen sé on ti boug isidan”, insiste-t-il en montrant le sol. Très fier de ses origines, Didier Daly a grandi dans ce quartier. “Je respire le Raizet, tous ceux qui me cherchent savent où me trouver”.
Bien qu’il n’y vit plus à plein temps, il est toujours dans son quartier et il y travaille depuis peu. “La ville des Abymes nous a gracieusement proposé ces locaux pour poursuivre le travail que nous menons avec “Tout est possible”,. “Tout est possible” est l’association qu’il a créée en 2010 avec Mélanie Ibene. L’association donne la possibilité à des jeunes en décrochage scolaire ou social de s’exprimer et de révéler leur potentiel. Les supports utilisés sont la pratique de la musique, de l’audiovisuel, de l’écriture ou encore du dessin.
“Le plaisir que l’on crée,fait battre mon coeur”
Avec son association, Didier Daly ouvre des portes pour ceux qui souhaitent développer des compétences. Ce projet a reçu plusieurs prix. En 2016, après six années de rotation, il ouvre le premier chantier d’insertion au sein de son association. Durant deux années, dix jeunes ont découvert le métier de l’audiovisuel. Ce sont aujourd’hui de véritables professionnels à l’origine du documentaire largement plébiscité : “Déyé Mas la”. Tous les ingrédients ont été rassemblés par ces jeunes qui ont à plus de 70%, fourni toute la matière première de ce documentaire qui fera date dans l’histoire du nouveau et jeune cinéma documentaire guadeloupéen.
Des projets comme celui-ci, l’artiste veut les multiplier. “Le plaisir que l’on crée, fait battre mon coeur”. Après trois ans de travail, Daly revient dans le game musical avec son nouvel album One Man Gang. “Avec cet album, j’ai voulu revenir à la genèse de ce que je suis musicalement : un rappeur. Souvent affilié à la catégorie dancehall, Daly revendique son identité musicale sur cet opus de seize titres. “J’ai conscience qu’on ne peut pas tout faire seul, lorsqu’on a un projet. À plusieurs, on peut être une seule personne, c’est le message que je veux transmettre.”
“Quoi qu’il arrive, tout ce que je fais dans ma vie c’est par rapport à la musique”
Trois années pour sortir un album semblent longues. “Je voulais prendre mon temps de bien faire les choses”. OMG (One Man Gang) sortira le 23 novembre prochain. Jour de la date d’anniversaire de sa mère qui a rejoint les anges.
En quittant les locaux de “Tout est possible”, Daly recevait cinq jeunes. Feuille et stylo en main, il note. Président d’association, chanteur charismatique et investi dans ses missions, Daly est depuis 2014, l’ambassadeur de la jeunesse pour la ville des Abymes. Une casquette qui lui donne la possibilité de frapper aux portes pour les jeunes motivés. “Mes journées tournent autour de cette jeunesse. J’utilise ma position au maximum pour les intégrer”, explique-t-il. En rajoutant le mot de la fin : “Quoi qu’il arrive, tout ce que je fais dans ma vie c’est par rapport à la musique”.
Stécy LANCASTRE
crédit photo : Sidney Kwanone